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Par Felynea le 26 Avril 2009 à 22:30
Note de Stephenie Meyer :
C’est une drôle d’histoire – en fait j’ai écrit cet extrait comme une blague. J’ai lu quelque chose sur le site Twilight Fanfiction, et le concours “Mettez-vous à ma place”, et j’ai dit à Alphie (une célébrité du Lexicon) que j’y participerais peut-être, pour m’amuser. Elle m’a dit que ça ne marcherait jamais, Pelirroja me reconnaîtrait en une seconde. Je pariai que Pel ne m’aurait pas, et Alphie paria le contraire. Donc, j’ai écrit cette portion de New Moon (NdT : Tentation) du point de vue de Rosalie (ce fut très intéressant d’être dans la tête de Rosalie !), et je l’ai envoyée, gloussant de ma propre blague. Pour finir, la blague s’est retournée contre moi. Ma participation à été perdue dans le cyberespace et Pel ne l’a jamais su. Donc, j’imagine qu'Alphie et moi ne connaîtrons jamais le vainqueur de notre pari... sauf si Twilight Fanfiction organise un autre concours...
Voici donc ma blague loupée, le coup de téléphone entre Alice et Rosalie dans le chapitre 18 de New Moon:
Un léger son chuchoté – pas près de moi, mais à des centaines de mètres plus au nord – me fit sursauter. Ma main se serra automatiquement autour du téléphone, le fermant, et l’éloignant de ma vue dans le même mouvement.
Je remis mes cheveux en place sur mes épaules, jetant un vague coup d’œil par la grande fenêtre en direction de la forêt. La lumière du jour était faible, sombre ; mon propre reflet était plus clair que les arbres et les nuages. Je fixai mes grands yeux surpris, mes lèvres qui tiraient vers le bas en une moue, la petite ride verticale entre mes sourcils…
Je me jetai un regard hargneux, effaçant avec mépris mon expression de culpabilité. Un mépris séduisant. Je notai, absente, que cette expression féroce m’allait bien, contrastant à merveille le doré angélique de mes boucles épaisses. En même temps, mes yeux scrutaient le vide de la forêt d’Alaska, et je fus soulagée de voir que j’étais toujours seule. Le son n’était rien – un oiseau ou la brise.
Il n'y avait pas de quoi être soulagée, me dis-je. Pas de quoi me sentir coupable. Je n’avais rien fait de mal.
Les autres n’avaient-ils pas l’intention de dire la vérité à Edward ? Le laisser se complaire dans son angoisse existentielle pour l'éternité au fin fond de bidonvilles répugnants, pendant qu’Esmée et Carlisle anticipaient chacune de ses réactions, et que la joie existentielle d’Emmett s'en allait doucement pour laisser place à la solitude? Pourquoi cela serait-il juste ?
De plus, il n’y avait aucun moyen de cacher un secret à Edward à long terme. Tôt ou tard il serait venu nous trouver, pour voir Alice ou Carlisle pour une raison ou une autre, et alors il aurait découvert la vérité. Nous aurait-il remerciés de lui avoir menti par ce silence ? Je ne le pensais pas. Edward devait toujours tout savoir ; il vivait avec cette omniscience. Il aurait piqué une crise, seulement exacerbée par le fait que nous nous serions abstenus de lui faire part de la mort de Bella.
Quand il serait calmé et remis de tout ça, il me remercierait sûrement d’avoir été la seule assez courageuse pour être honnête avec lui.
A des kilomètres, un faucon cria ; le son me fit sauter et vérifier la fenêtre de nouveau. Mon visage avait de nouveau cette expression coupable, et je me jetai un regard noir dans la vitre.
Bien, donc j’avais mon programme. Était-ce une si mauvaise chose de vouloir que ma famille soit de nouveau réunie ? Était-ce si égoïste que la paix quotidienne me manque, ce bonheur sous-jacent que j’avais pris pour acquis, le bonheur qu’Edward semblait avoir emmené avec lui dans l’avion ?
Je voulais juste que les choses redeviennent comme avant. Était-ce si mal ? Cela ne me semblait pas être une chose horrible. Après tout, je n’avais pas fait cela pour moi seule, mais pour tout le monde. Esmée et Carlisle, et Emmett.
Pas vraiment pour Alice, même si je l’aurais assumé... Mais Alice avait été tellement sûre que les choses allaient s’arranger dernièrement – qu'Edward serait incapable de rester loin de sa petite amie humaine – qu'elle ne s’était pas embêtée à faire son deuil. Alice avait toujours évolué dans un monde différent du nôtre, enfermée dans sa réalité toujours changeante. Puisqu’Edward était le seul qui pouvait participer à cette réalité, j'avais pensé que son absence serait plus dure pour elle. Mais elle était certaine, comme toujours, vivant dans le futur, son esprit dans un moment que son corps n’avait pas encore atteint. Toujours si calme.
Elle avait pourtant été folle d’inquiétude lorsque Bella avait sauté...
Avais-je été impatiente, moi aussi? Avais-je agi trop tôt ?
Je devais au moins être honnête envers moi même, parce qu’Edward verrait chaque parcelle de mesquinerie dans ma décision dès qu’il rentrerait à la maison. Mieux valait reconnaître mes mauvaises motivations dès maintenant, les accepter tout de suite.
Oui, j’étais jalouse de ce qu’Alice ressentait pour Bella. Alice aurait-elle détalé si vite, prise de panique, si c'était moi qui avais sauté de la falaise ? Devait-elle vraiment aimer plus que moi cette fille humaine banale à ce point ?
Mais la jalousie n'était qu'une chose. J’avais sûrement précipité ma décision, mais je n’y pouvais rien. J’aurais appelé Edward de toute façon. J’étais sûre qu’il préférerait cette honnêteté abrupte à la gentille déception des autres. Leur gentillesse était maudite depuis le début ; Edward serait rentré de toute façon.
Et maintenant, il pourrait rentrer plus tôt.
Ce n’était pas la satisfaction de ma famille qui me manquait.
Edward me manquait sincèrement aussi. Ses petites remarques cinglantes me manquaient, son esprit sombre qui était plus en harmonie avec mon propre sens de l’humour noir que la nature enjouée d’Emmett. La musique me manquait – sa stéréo beuglant sa dernière découverte d'un groupe indé, et le piano, le son d’Edward tissant ses pensées habituellement dissimulées pour les transformer en une chanson transparente. Il me manquait lorsqu’il fredonnait dans le garage à côté de moi lorsque je trafiquais les voitures, le seul moment où nous étions parfaitement en harmonie.
Mon frère me manquait. Sûrement ne me jugerait-il pas trop sévèrement quand il le verrait dans mes pensées.
Ce serait délicat pendant un moment, je le savais. Mais plus tôt il reviendrait à la maison, plus tôt nous pourrions retrouver une vie normale...
Je fouillai mon esprit pour trouver une quelconque trace de deuil pour Bella, et je fus heureuse de voir que je pleurais la fille. Un petit peu. En cela au moins : elle avait rendu Edward heureux, comme jamais auparavant. Bien sûr, elle l’avait aussi rendu plus malheureux que quoi que ce soit durant son siècle de vie. Mais la paix qu’elle lui avait donnée durant ces quelques mois me manquerait. Je pourrais vraiment regretter sa perte.
Prendre conscience de cela me fit me sentir mieux, suffisante. Je souris devant mon visage dans la glace, encadrée par mes cheveux d’or et les murs cèdre rouge du long salon douillet de Tanya, et j’appréciai cette vue. Quand je souriais, il n’y avait aucune femme ou homme sur cette planète, mortel ou immortel, qui pouvait égaler ma beauté. C’était là une pensée réconfortante. Peut-être n’étais-je pas la personne la plus facile à côtoyer. Peut-être étais-je égoïste et superficielle. Peut-être aurais-je eu meilleur caractère si j’étais née avec un visage quelconque et un corps ennuyeux. Peut-être aurais-je été plus heureuse si cela avait été le cas. Mais c’était impossible à prouver. J’avais cette beauté, c’était une chose sur laquelle je pouvais compter.
Je souris encore plus grand.
Le téléphone sonna et je serrai automatiquement la main, même si le son venait de la cuisine et non de mon poing.
Je savais que c’était Edward. Appelant pour vérifier l’information que je venais de lui donner. Il ne me faisait pas confiance. Il pensait apparemment que j'étais assez cruelle pour lui faire une blague. Je me renfrognai en me dirigeant vers la cuisine d’un pas léger pour répondre au téléphone de Tanya.
Le téléphone était tout en haut du long comptoir de boucherie. Je l’attrapai avant que la première sonnerie ne se termine, et je tournai mon visage vers la porte-fenêtre tout en répondant. Je ne voulais pas l’admettre, mais je savais que je surveillais le retour d’Emmett et Jasper. Je ne voulais pas qu’ils m’entendent parler à Edward. Ça les énerverait...
- Oui ? demandai-je.
- Rose, je dois parler à Carlisle, maintenant, dit sèchement Alice.
- Oh, Alice ! Carlisle est parti chasser. Qu’est ce que…?
- Très bien, dès qu’il reviendra alors.
- Qu'est-ce qui se passe ? Je vais le pister tout de suite, et je m’assurerai qu’il te rappelle…
- Non, interrompit de nouveau Alice. Je serai dans l’avion. Écoute, est-ce que tu as eu des nouvelles d’Edward?
Mon estomac se contracta bizarrement, semblant s’abaisser dans mon abdomen. Cette sensation amena avec elle un sentiment de déjà-vu, une légère pointe d'une sensation humaine perdue depuis bien longtemps. La nausée...
- Eh bien, oui, Alice. J’ai parlé à Edward. Il y a quelques minutes à peine.
Pendant une brève seconde je m’amusai à l’idée de prétendre qu’Edward m’avait appelé, une pure coïncidence. Mais bien sûr, il ne servait à rien de mentir. Edward allait déjà être assez dur avec moi en rentrant à la maison.
Mon estomac continua de se resserrer étrangement, mais je l’ignorai. Je décidai d’être énervée. Alice ne devait pas être sèche envers moi de la sorte. Edward n’aimait pas les mensonges ; il voulait la vérité. Il me soutiendrait quand il rentrerait à la maison.
- Toi et Carlisle aviez tort, dis-je. Edward n’apprécierait pas qu’on lui mente. Il voudrait connaître la vérité. Il l’a voulu. Alors je la lui ai donnée. Je l’ai appelé... Je l’ai appelé de nombreuses fois, admis-je. Jusqu’à ce qu’il décroche. Un message aurait été... déplacé.
- Pourquoi ? haleta Alice. Pourquoi ferais-tu cela Rosalie ?
- Parce que plus tôt il s’en remettra, plus tôt les choses pourront revenir à la normale. Le temps n’aurait rien arrangé, alors pourquoi repousser l’échéance ? Le temps ne changera rien. Bella est morte. Edward va faire son deuil, puis il s’en remettra. Autant qu’il commence maintenant.
- Eh bien pourtant, tu as tort sur tous les tableaux, Rosalie, et cela va poser un problème, tu ne crois pas ? demanda Alice d’un ton vicieux et féroce.
Tort sur tous les tableaux ? Je clignai rapidement des yeux, essayant de comprendre.
- Bella est toujours en vie ? murmurai-je, ne croyant pas mes propres mots.
Essayant juste de deviner à quels tableaux Alice faisait référence.
- Oui, c’est ça. Elle va très bien…
- Bien ? Tu l’as vue sauter d’une falaise !
- J’avais tort.
Les mots sonnèrent étrangement dans la bouche d’Alice. Alice n’avait jamais tort, il n’y avait pas d’éléments de surprise pour elle...
- Comment ? murmurai-je.
- C’est une longue histoire.
Alice avait tort. Bella était en vie. Et j’avais dit...
- Eh bien, tu as mis une belle pagaille, grognai-je, changeant mon chagrin en accusation. Edward va être furieux lorsqu’il rentrera à la maison.
- Mais tu as tort à ce propos aussi, dit Alice.
Je pouvais entendre qu’elle parlait entre ses dents.
- C’est pour ça que j'appelle.
- Tort à propos de quoi ? D'Edward qui ne rentrerait pas ? Bien sûr que si.
Je ris d’un ton moqueur.
- Quoi ? Tu penses qu’il va se la jouer à la Roméo ? Ha ! Comme un stupide romantique...
- Oui, siffla Alice, d’une voix glaciale. C’est exactement ce que j’ai vu.
La dure conviction de ses mots fit flancher mes genoux, me rendant bizarrement instable. Je m’agrippai au mur de cèdre pour me retenir – retenir mon corps dur comme du diamant qui n’en avait certainement pas besoin.
- Non. Il n’est pas aussi stupide. Il… il doit sûrement se rendre compte que…
Mais je ne pus pas finir cette phrase, parce que je pouvais voir dans ma tête, ma propre vision. Une vision de moi. Une impensable vision de ma vie si d’une façon ou d’une autre Emmett devait cesser d’exister. Je frissonnai à cette horrible idée.
Non, il n’y avait pas de comparaison. Bella n’était qu’une humaine. Edward ne voulais pas qu’elle soit immortelle, donc ce n’était pas la même chose. Edward ne pouvait pas ressentir la même chose !
- Je… Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, Alice ! Je voulais juste qu’il revienne à la maison !
Ma voix était presque un hurlement.
- C’est un peu tard pour ça, Rose, dit Alice, plus dure et froide qu'auparavant. Garde tes remords pour quelqu’un qui y croit.
Il y eut un clic et une tonalité.
- Non, murmurai-je.
Je secouai la tête lentement pendant un moment.
- Edward doit revenir à la maison.
Je fixai mon visage dans le pan de la vitre de la porte-fenêtre, mais je ne pouvais le voir. C’était une tâche sans forme blanche et or.
Puis, à travers cette tâche, loin dans les bois, un arbre énorme oscilla irrégulièrement, en décalé avec le reste de la forêt. Emmett.
J'écartai la porte de mon chemin d’un coup sec. Elle claqua contre le mur, mais le son était déjà loin derrière moi puisque je fonçais dans le vert.
-Emmett ! criai-je. Emmett, au secours !
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